Salut à tous,
Pour cet article, j’ai décidé d’aborder un point crucial de la pêche des carnassiers en bateau.
Nombreux d’entre vous lors des guidages me posent cette question : comment détecter les poissons au sondeur ? Comment identifier les poissons, leur comportement, leur tenue?
Voici donc un article pour aborder les premiers aspects de ma stratégie de détection des poissons.

1) Le matériel utilisé
Comme beaucoup le savent déja, j’ai la chance de bénéficier d’un partenariat avec NAVICOM, cette société française renommée qui distribue les marques HUMMINBIRD et MINN KOTA.
Sur mon bateau (Crestliner Kodiak de 5m de longueur), je dispose donc d’un bel équipement électronique pour affronter les facéties des carnassiers alsaciens !
Mon sondeur actuel : un HUMMINBIRD Helix 9 équipé de la technologie Down Imaging
Moteur électrique : MINN KOTA Terrova 80lbs avec technologie I-pilot V2
2) Stratégie de recherche des poissons
La stratégie de recherche des spots et des poissons est basée sur de très nombreux paramètres qu’il est difficile de lister et d’expliquer au travers d’un court article, cependant, certains aspects de cette stratégie me semblent importants.
Mettons nous en situations comme si nous arrivions sur un secteur de pêche inconnu, ce qui exclue donc toute notion de connaissance du spot de pêche qui est l’un des facteurs prédéterminant lorsque je guide mes clients ou que je pêche. Si l’on connait parfaitement le secteur de pêche, le combiné sondeur GPS n’entre en jeu qu’en seconde position pour déterminer la position des poissons. Sur un secteur bien connu, il est évident que la connaissance du milieu et de ses poissons va permettre de mettre en place une stratégie de pêche et un itinéraire au cours de la journée avant même d’avoir allumé le sondeur. Pourquoi ? Car on connait les statistiques de déplacement des poissons, leurs tenues au cours des saisons, etc… le sondeur permet ensuite d’affiner notre positionnement : savoir dans quelle partie ou profondeur du lac sont les poissons ne suffit pas toujours. Le sondeur est alors là pour nous donner les dernières infos sur les herbiers, températures d’eau, bancs de blancs et parfois aussi, tenue des carnassiers ! Le sondeur permet aussi et surtout dans ces conditions, de ne pas se tromper. La pêche n’est pas faite que de statistiques et parfois, les poissons ne suivent pas notre logique … heureusement d’ailleurs !
Nous arrivons donc sur un lac ou un bief de rivière inconnu, que doit on rechercher ?
Pour ma part dans un premier temps, je passe un moment à tourner pour détecter les cassures, fosses, différences de niveaux, pentes, zones d’herbiers. Il est possible de faire ça tout en pêchant mais on perd du temps. A mon sens ce n’est pas le nombre de lancers ou le temps avec votre leurre dans l’eau qui va ou doit déterminer le nombre de touches et de captures. Il vaut mieux être efficace et forcer la pêche une fois les zones identifiées.
Si cette prospection prend du temps et que vous ne pouvez vous retenir de pêcher, l’idéal est alors d’exercer une pêche rapide en cranking (lipless, LS, etc..). En plus de la prospection de la structure du fond, il faudra alors bien enregistrer les lieux où vous prendrez les touches. Cela permettra ensuite d’identifier la tenue supposée des poissons et de rechercher au cours de la journée les mêmes types de zones.
Lors de cette prospection initiale, un outil technologique de taille va pouvoir nous aider : L’AUTOCHART LIVE
Cette technologie, disponible sur mon Humminbird HELIX 9 est tout simplement surprenante. Lorsque le bateau avance, le combiné enregistre en live la profondeur, la structure du fond et le positionnement GPS ! Résultat : vous disposez en direct, d’une cartographie interactive du fond du lac ou de la rivière directement sur votre écran de sondeur !
Grâce à ça, plus besoin d’avoir une mémoire exceptionnelle pour se souvenir avec détails de ce que l’on a pu lire sur notre sondeur depuis le début de la partie de pêche, tout s’enregistre et la cartographie précise du fond vous permet de revenir sur les bons spots au cours de la pêche.
Mieux encore, cette cartographie vous aider et vous permet de vous positionner au mieux sur les bords des fosses/cassures/chenaux profonds, ou plutôt en plein milieu, en fonction du type de pêche que vous voulez réaliser (linéaire, jigging, etc…)
Sur cette première capture d’écran réalisé le mois dernier sur mon sondeur lors d’un repérage, on observe deux choses. L’écran partagé permet de visualiser à droite la cartographie du fond réalisée en direct sur mon combiné : en orange, une zone peu profonde (1m50 à 2m50) puis une cassure (de 2 à 3m en vert) et enfin l’arrivée du bateau sur un trou (plus de 4m de profondeur). A gauche, le Down Imaging nous indique immédiatement et précisément la présence d’un banc de poissons d’assez grosse taille (environ 40/60cm), sans doute un banc de brèmes. Ce type de spot, d’autant que le bateau était passé sur un long linéaire sans aspérités ni poissons (2m de fond) est évidemment une zone à prospecter ! La présence de brèmes renforce d’autant plus l’intérêt du spots à renfermer quelques gros brochets ou silures ! Mais même sans ces brèmes indiquées à l’écran, j’aurai pêché ce spot !
Vous l’aurez compris, dès lors que vous rencontrez des différences de structures de fond, si l’on passe de la vase à des herbiers, d’herbiers à de la vase, d’une profondeur à une autre, si vous observez une pente, des aspérités sur le fond (gros blocs, troncs d’arbres, etc…), il est impératif de pêcher ces secteurs !
imaginez qu’en prospectant ce bief du Rhin (photo précédente), je m’étais mis à pêcher dès le début, en insistant, changeant de leurres, sans même savoir qu’une fosse plus profonde existait ? J’aurai perdu un temps précieux et n’aurais sans doute pas pris un poisson de toute la matinée ! Les seuls poissons touchés sur ce bief et durant cette journée de prospection, l’ont été dans ce trou de 75m de diamètre environ… Voilà tout l’intérêt de la prospection « d’avant pêche » !
3) Et les poissons ?
Bonne question, repère t’on les poissons et peut-on les identifier sur un écran de sondeur ? Bien entendu !
S’il faut savoir raison garder dans la phase d’identification « précise » de l’espèce de poisson, de nombreux facteurs peuvent nous permettre d’interpréter les donner et de dire de quelles espèces il peut s’agir. La base de cette identification est votre connaissance des poissons et de leur éthologie.
L’écran du sondeur va nous donner une information, mais pas le nom de l’espèce de poisson.
Ensuite, c’est la forme et la taille de la détection qui nous permettra, en la mettant en relation avec nos connaissances propres sur les poissons, de faire la correspondance.
La longueur de l’écho
La première chose à savoir lorsqu’on détecte un poisson, c’est que ce n’est pas la longueur de l’écho qui détermine ça taille mais plutôt la largeur de cet écho. La longueur correspond au temps durant lequel le poisson est situé dans le faisceau de détection. Si vous avancez très très lentement, même un poisson de 50cm peut vous faire un très long écho, de même lorsque vous êtes à l’arret. A l’inverse, en navigant très rapidement, un silure de 2m pourra faire un écho très court !
La largeur de l’écho
C’est donc bien la largeur de l’écho qui va vous donner une idée de la taille du poisson. Plus l’image est large, plus le poisson est gros !
La couleur de l’écho
Sur un combiné couleur, vous avez le choix entre plusieurs profils de colorimétrie pour votre affichage. Sur le mien, plus l’écho est rouge, plus sa densité est élevée. Un fond rocheux, un gros poisson, apparaîtront donc plutôt dans un ton rouge que vert, bleu ou jaune.
Attention toutefois, un écho bleu peut aussi être l’écho d’un gros poisson mais pris en périphérie du faisceau de détection, donc plus éloigné du bateau…
Sur cette nouvelle capture d’écran, on observe une belle détection. La couleur sur l’écran de gauche, ainsi que la largeur des différents échos, nous indique qu’il s’agit de petits poisson (peu denses) vivants en banc pélagique, certainement des ablettes donc. L’image est encore plus précise à droite sur le down imaging. On observe d’ailleurs qu’à l’arrivée du bateau, le banc s’enfonce légèrement vers les profondeur, fuyant la surface.
Ici, on observe un banc bien plus resserré, en suspension entre deux eaux. La coloration verte indique que le banc est très resséré (densité en hausse par rapport à l’image précédente), avec quelques poissons légèrement plus gros situés au dessus du banc et de manière moins dense (bleu sur l’image de gauche). La précision du down améliore encore cette perception. Il s’agit là d’un banc de petites perchettes avec quelques très légèrement plus grosses au dessus.
Enfin, voici une image que j’adore, le type de détection que j’adore retrouver lors de mes parties de pêche !
On observe un banc de poisson fourrage immense entre deux eaux, avec juste au dessus, un poisson immense qui surveille son garde manger.
Il s’agit là d’un énorme silure au dessus d’un banc d’ablettes. Sur cette image, on pourrait même pousser le vice en observant que la tête du silure est sur la gauche de la détection et sa queue à droite, car la zone rouge, la plus dense (tête et viscères) est située sur la gauche). Sur le down, c’est la zone la plus lumineuse qui indique la densité la plus forte, et l’observation est la même !
Je peux même vous donner la taille exacte de ce poisson, 2m38, puisque Loic qui pêchait avec moi ce jour là l’a ferré moins d’une minute après la détection ! Un record en Alsace, mis au sec 40 minutes plus tard 🙂
Voilà donc quelques notions, certes très basiques mais qu’il convient d’appréhender lorsqu’on débute avec un sondeur et que l’on veut idendifier les bonnes zones de pêche et commencer à repérer les poissons !
Si vous souhaitez pousser un peu plus encore vos connaissances sur les sondeurs, la détection et les stratégies de pêche, n’hésitez pas à me contacter pour organiser une journée de stage/guidage.
Bonne journée à tous,
Mathieu ROMAIN