Mardi dernier, alors que je venais de passer une agréable journée la veille au bord de la Bruche, je décidais de changer de paysage pour me rendre en vallée de Munster.
Magnifique en ce moment, l’arrière plan s’élargie sur les crêtes vosgiennes qui arborent leurs dernières plaques de neige. Les flancs de vallées profitent eux-aussi de blanches couleurs au travers des milliers de fleurs de merisiers et prunelliers sur lesquels les regards se fixes aisément. Tout se mélange à la multitudes de verts clairs que nous proposent les jeunes feuilles des hêtres et noisetiers et, par-ci par-là, au foncé poignant des résineux qui trônes sur les plus hauts vallons.
Après quelques looping incertains, de gros bourdons se posent enfin sur les pissenlits dorés dont l’effluve embaume la berge de la Fecht… Bel instant de printemps.
Il fallait pourtant choisir, car si chaque sens est sublimé lors d’une si belle journée, seule la vue pouvait me permettre de repérer les grosses truites qui nagent en ces eaux. Tâche compliquée s’il en est car, à l’inverse des gros hyménoptères, elles n’avaient pas forcément décidé de prospecter leur garde manger. Bien tranquilles, la plupart d’entre elles étaient restées invisibles.
Tout monde a ses rebelles et voici donc que l’une d’entre elles, alors même que je remontais le parcours que je venais de pêcher sans ne relâcher que quelques truitelles, se positionna dans ce qu’il me restait de champ de vision. Entre le reflet sur la surface, les branches ébourgeonnées, l’ombre du muret d’en face et le puissant courant qui surplombait la fosse, l’image bleutée d’une caudale battante n’avait que peu de chance d’arriver jusqu’à mon oeil gauche… et pourtant !
Elle se sera même payée le luxe de refuser ma première dérive… la coquine !
A bientôt en Alsace,
Mathieu ROMAIN
Votre guide de pêche à la mouche