Bonjour à tous
Comme nous avions déjà pu en parler dans l’article sur les sedges, les insectes de l’ordre des trichoptères sont des proies de choix pour les poissons. Je vous propose donc de parler d’une imitation de ces larves… la nymphe de tricho vinyl et casque d’or.
Lorsque les truites “piquent” le fond
Tous les pêcheurs à vue ont certainement déjà pu observer un comportement très spécifique des truites lorsqu’elles sont en recherche des larves de trichoptères pour s’alimenter. Les poissons remontent alors sur les lisses ou le long des bordures avec le museau pratiquement collé sur le fond. Leur remontée est souvent lente et on s’imagine bien qu’elles observent le substrat à la recherche d’un mouvement de patte, de gravillons ou de branchages. Une fois l’avoir localisée, la truite fonce sur sa proie et vient “piquer” sur le fond. C’est une expression que j’affectionne car elle est tout à fait représentative de la réalité. Comme s’il s’agissait d’un rapace, la truite pique du museau vers le fond et vient arracher la proie du substrat. Une attaque souvent violente et rapide comme l’éclair. C’est à ce moment que le pêcheur embusqué peut vérifier que la proie saisie par la truite est belle et bien un trichoptère… La truite, disposant d’une proie volumineuse, dure et souvent encore protégée de son fourreau en bois ou gravillons (voir article sur les trichoptères), se met alors à la mâcher. L’opération est rapide, parfois un seul coup de mâchoire mais généralement plutôt deux ou trois.
Le top est encore de pouvoir assister à l’expulsion des gravillons par dessous les opercules du poisson. C’est que vous êtes suffisamment proche de la truite !
Cette fois ci c’est certain, elle mange bien un trichoptère !
Les photos qui suivent vous présentent deux familles différentes de trichoptères. Leur coloration est légèrement différente du vert olive du modèle de mouche que je vous présente mais beaucoup d’espèces s’en approchent bien plus. Généralement, les tonalités de jaune et vert constituent la coloration du corps de ces larves.
Remarquez la courbure du corps (d’où l’utilisation d’une hameçon courbé) et les anneaux caractéristiques sur l’abdomen. On observe aussi une tête bien distincte du corps qui peut tout à fait être imitée par une billes en tungstène.
La période la plus propice pour observer ce genre de manège s’étend de mi avril à fin mai. Attention je ne dis pas que les truites ne mangent plus de larves à fourreaux après ça, bien au contraire ! Cependant, c’est bien au printemps que vous les observerez le plus. Voilà deux photos pour vous imager un peu mieux ce comportement.
Action de pêche
Dans ces cas là, j’utilise assez régulièrement des imitations de trichoptères pour séduire les poissons. Le tout est alors de trouver la bonne taille (du H10 au H18) et la couleur de la bille tungstène à utiliser. Le doré est pour ma part celui qui me donne le plus de résultats. Toutefois, il faut bien considérer que dans les secteurs très pêchés, les poissons sont effrayés par cette coloration trop “clinquante” qui pourra alors être remplacée par du noir ou cuivre foncé par exemple.
Pour vous essayer à cette pêche à vue en ma compagnie, n’hésitez pas à me contacter pour organiser un séjour guidé.
Ce type de nymphe n’est pas non plus à limiter strictement à ce type d’action de pêche et aux truites. Les poissons qui évoluent dans les zones plus courantes sont tout autant intéressés par les larves de trichotpères en dérive. Les ombres communs en sont très friands et sont régulièrement capturés sur ces modèles (même en grosse taille d’hameçon).
Ainsi, je les utilise aussi très régulièrement pour prospecter les courants puissants et les profonds. Bien lestée avec leur bille tungstène, ces nymphes (larve à proprement parler) évoluent près du fond, juste là où se trouvent les plus beaux poissons.
Le montage
- Hameçon courbe H16
- Fil de montage gris clair
- Corps en vinyl rib olive (taille midge)
- Tête : bille tungstène or 2.4mm
- Thorax : dubbing de lièvre naturel
La petite histoire
Etant donné que j’ai beaucoup parlé de pêche à la truite avec cette nymphe, voici une anecdote plutôt basée sur la pêche des ombres communs. L’histoire ce passe cet été 2014 sur une grande rivière de Croatie lors de l’un de mes séjours guidés. Ce jour là, j’accompagnais Jordane sur un nouveau parcours de la rivière avec l’espoir que le niveau de l’eau serait suffisamment bas pour passer une agréable journée. Pour tout dire, les jours précédents avaient été un peu difficiles à cause des niveaux très élevés sur les rivières de la région et des fortes pluies incessantes. Heureusement et enfin, le soleil était avec nous pour cette nouvelle aventure. Dès le début de la journée, j’invite Jordane a tenter les ombres en nymphe au fil avec une nymphe en tungstène. Après plusieurs passages dans des courants prometteurs avec certains modèles très classiques, je lui tends cette mouche sur hameçon N°16. Il attache la tricho casque d’or à son bas de ligne et après quelques rapides dérives, c’est la première touche ! Dans mes souvenirs, je crois malheureusement que ce premier poissons de la journée s’est décroché. Qu’importe, les dérives suivantes se sont toutes exécutées avec succès et à chaque fois que le poste s’y prêtait, au premier passage (ou presque), un ombre venait croquer la nymphe de Jordane. Une superbe journée en Croatie, sous le soleil, avec des ombres de belles tailles et surtout, avec la bonne mouche !
A très bientôt !
Mathieu ROMAIN