Salut à tous,
Voici le premier article d’une série que je souhaite vous proposer jusqu’à l’ouverture de la pêche à la truite 2015.
L’objectif est de présenter chaque semaine un modèle de mouche, les subtilités de sa conception et surtout, son utilité : le pourquoi et le comment de son utilisation.
L’idée n’est pas d’entrer dans les détails ultra techniques et scientifiques sur les mouches et les espèces qu’elles imitent (les stages de pêche à la mouche sont bien plus adaptés pour ça), mais de dégrossir les généralités sur certains types de modèles. Pour rendre le tout plus attractif, je tenterai aussi de vous apporter quelques anecdotes de pêche avec ces mouches.
Pour débuter cette série d’articles, je vous propose un zoom sur une mouche émergente qui a déjà largement fait ses preuves auprès de la communauté des pêcheurs à la mouche : le voilier CDC. Pour les novices, l’abréviation CDC désigne tout bonnement l’endroit d’où provient les plumes qui servent à la fabrication de son aile. Le CDC n’est autre que le “cul de canard” (ou croupion, pour parler plus proprement)
Une imitation d’éphémère
Ce que nous appelons improprement les éphémères, sont en fait toutes les espèces d’insectes de l’ordre des Éphéméroptères (Ephemoptera). Sans entrer dans plus de détails scientifiques, nos rivières françaises abritent plusieurs dizaines de familles d’éphéméroptères (les plus connues des pêcheurs à la mouche étant les Baétidés, Caénidés, Heptagéniidés, Ephéméridés et Ephémérellidés) et un nombre encore plus grand de genres et d’espèces (plusieurs centaines en Europe). Si l’on peut sans mal différencier certaines familles très connues et dans de rares cas le genre, il n’en demeure pas moins très incertain de vouloir identifier la plupart des espèces (à moins de disposer d’un doctorat en entomologie).
Tout ça pour dire que si la forme générale des éphéméroptères reste semblable (il y a toujours des différences), leur corps peut varier en taille et couleur. Le voilier CDC peut donc être réalisé en nombreuses tailles et couleurs. Il s’agit d’une mouche d’ensemble, comme expliquée plus haut, qui en fonction de sa tailles, couleur et de la fourniture de l’aile (quantité de fibres de plume de CDC), imitera plutôt l’une ou l’autre de ces espèces.
J’ai coutume de dire qu’un voilier CDC sur hameçon n°16 et au corps gris pourra imiter la plupart des éphéméroptères !
Une émergente sans pareil
Sans vous refaire le cycle de vie des insectes aquatiques et notamment celui des éphéméroptères, il convient simplement de rappeler que ces insectes naissent et vivent le début (et la majorité) de leur vie sous l’eau à l’état larvaire (de quelques mois à plusieurs années selon l’espèce). Au terme du stade larvaire, elle remonte vers la surface pour émerger et devenir adulte (stade imago).
Malgré l’appellation de nymphe que les pêcheurs à la mouche donnent au stade “aquatique” des éphémères, ce stade de nymphe n’existe pas scientifiquement parlant pour l’ordre des éphéméroptères qui sont des insectes hémimétaboles.
Une fois remontés à la surface pour devenir imago (insecte adulte), les larves d’éphéméroptères se transforment. En dérivant à la surface, leurs ailes (entre autres) apparaissent et l’insecte peut alors s’essayer à son premier décollage. C’est ce moment que nous appelons l’émergence. Sur plusieurs mètres, dizaines de mètres parfois, l’insecte émergent se transforme à la surface, coincé dans la pellicule d’eau. Il est alors à la merci des poissons qui s’en donnent à cœur joie lors de ces phases “d’éclosion” (là aussi, un abus de langage car il ne s’agit pas d’une éclosion à proprement parler).
Le voilier CDC est idéal pour imiter ce stade de développement des éphémères. Le corps de la mouche reste coincé dans la pellicule d’eau tandis que l’aile en CDC se positionne comme la voile d’un bateau au dessus de la surface… à l’identique des vrais insectes émergents.
Toute la saison
Les “éclosions” d’éphémères ont lieu durant toute la saison de pêche (toute l’année même) et il est donc nécessaire de pouvoir présenter aux poissons nos modèles de voiliers CDC à chaque fois que ces moments interviennent. Généralement, les éclosions d’éphémères ont lieu aux heures les plus chaudes de la journée au mois de mars et ne durent que quelques dizaines de minutes. A partir de mi avril, leur durée et régularité s’étend vers l’après midi pour, durant mai et juin, être possible de la fin de la matinée jusqu’en fin d’après midi. L’été, elles se réduisent à cause des fortes chaleur et surtout, se ravivent à partir des premiers rafraîchissements de septembre !
En adaptant la taille et la couleur du voilier CDC en fonction des insectes qui dérivent à la surface de l’eau, vous serez donc à même de les leurres parfaitement.
Sans briser de secret d’Etat, voici un petit indice : plus on avance vers l’été, plus la taille des mouches diminue.
Indication de montage d’un voilier CDC
Pour l’exemple, voici les indications pour monter cette mouche sur un hameçon N°18 avec corps jaune.
- Hameçon droit hampe classique (sans ardillon)
- Fil de montage jaune 8/0
- Cerques en fibres de cou de coq gris clair (4/5 fibres)
- Corps fin et conique réalisé en fil de montage jaune 8/0
- Aile en Cul de Canard gris-brun (naturel)
- Tête réalisée avec le fil de montage.
L’anecdote
Comme vous avez pu le comprendre, ces modèles de mouches s’utilisent très régulièrement et il est donc difficile de ne conserver qu’une seule anecdote de pêche à leur sujet. Finalement, c’est surtout LA mouche émergente la plus utilisée par les pêcheurs à la mouche.
Un souvenir me revient toutefois en mémoire. Cela doit remonter à 2010 ou 2011, au début du printemps. Sur les bords d’une magnifique rivière calcaire du Jura, la météo n’était vraiment pas bonne ce jour là (donc excellente pour la pêche !) et vers 11H, quelques éphémères commençaient à dériver en surface.
Les insectes étaient relativement petits et leur corps très jaunâtre. J’avais donc accroché à la pointe de mon bas de ligne un modèle au corps jaune sur hameçon N°18. En inspectant une bordure, j’aperçois une très belle truite entrain de manger des larves sur le fond de la rivière et à très près de la berge. L’accès pour attaquer ce poisson était vraiment compliqué (la berge étant recouverte de branches mortes et en pente) et j’ai donc du me poster à une dizaine de mètres plus en amont.
Seulement voilà, de ce nouvel emplacement je n’arrivais plus à voir le poisson resté en aval de moi.
Après plusieurs minutes d’attente, la libération vint enfin. Le museau énorme de ce poisson perça la surface pour cueillir un insecte dérivant. Sa position n’avait pas changé, la truite était en aval de moi à 12 mètres environ et à 1 mètre de la berge. Elle s’était enfin décidée à délaisser les larves du font pour s’intéresser aux émergentes !
Sans espace pour lancer convenablement, je n’ai pas eu d’autre choix que de poser la mouche en lancer revers à quelques mètres de moi et à laisser dériver la mouche vers le poisson, au rythme du courant et en sortant la soie de la canne régulièrement. L’attente, sur ce lisse au courant très lent, fût interminable. La mouche dérivait vers l’aval en ne se déplaçant que de quelques petits centimètres chaque seconde. Elle arriva enfin là où je pensais savoir la truite. Puis continua à dériver vers l’aval. Je savais que le moindre mouvement dans le fil ferait fuir le poisson (à considérer qu’il soit encore là !) et j’ai donc attendu jusqu’au dernier moment, avant que la mouche ne commence à draguer à la surface. Encore une dernière seconde et… gobage !
La truite a vraiment attendu le dernier moment, s’est retourné et est venue prendre ma mouche alors que celle-ci devait être 1 mètre plus en aval d’elle. Après le ferrage, la belle m’a gratifié d’u magnifique combat.
Un beau souvenir de pêche. Elle est bien sur retournée à son élément après ça.
A vos montages 🙂
Mathieu