Salut à tous,
Troisième épisode de la série « une semaine, une mouche ». Pour cette fin du mois de janvier, je souhaiterai vous parler de pêche à la nymphe.
Au cours des deux derniers épisodes, nous avions traité de mouches sèches et plus particulièrement des émergentes et voiliers CDC ainsi que des Sedges.
Toutefois, la pêche à la mouche se pratique aussi et, pour ma part, principalement sous la surface de l’eau. Rappelons que les insectes aquatiques vivent la grande majorité de leur cycle vital à l’état larvaire et que forcément, ils ont plus de chance d’être la proie d’un poisson à ce moment là qu’au cours des quelques secondes ou minutes de leur émergence.
Pour le pêcheur à la mouche, il parait donc indispensable de pouvoir imiter ces larves pour leurrer les poissons qui s’en nourrissent. Notons aussi qu’à l’inverse des mouches sèches qui s’utilisent principalement au cours des éclosions (même s’il est parfois possible de pêche l’eau avec ces modèles pour tenter de faire gober un poisson en dehors de ces moment de frénésie), les nymphes peuvent s’utiliser tout au long de la journée. Cela ne veut pourtant (et malheureusement pour nous) pas dire que le fait de pêcher en nymphe peut rapporter des prises de poissons à tout moment de la journée. Les truites et ombres sauvages ont leur caractère et ne se nourrissent pas tout le temps. Lorsqu’on pêche à vue, c’est à dire que l’on attaque des poissons repérés au préalable, on s’aperçoit souvent que certains d’entre eux n’ont aucun réaction au passage de la nymphe (ou fuient) même si elle est parfaitement présentée. Ces poissons, qui ne sont pas en phase de nourrissage et/ou ne font preuve d’aucune activité, sont simplement au repos et ne peuvent être leurrés. Parfois, tous les poissons de la rivière sont dans cet état au même moment et, bien que pêchant en nymphe, réussir quelques prises s’avère très compliqué.
Cette semaine, je vous propose de découvrir une nymphe que j’utilise énormément, la pheasant tail hot spot et bille tungstène.

Une imitation d’éphéméroptère particulièrement redoutable
Je vous avais déjà quelque peu détaillé le cycle de vie des éphéméroptères et les caractéristiques de cet ordre d’insectes. Pour ne pas faire de copie, j’invite ceux qui ne l’avais pas lu à jeter un oeil à cet ancien article.
Etant donné sa forme longiligne et la présence de cerques (ce qu’on pourrait improprement appeler la queue de la mouche), la forme générale de cette mouche rappelle celle de nombreuses familles d’éphéméroptères. Généralement je l’utilise en petite taille, souvent sur hameçon N°18.
La nymphe est montée avec une bille dorée en tungstène qui donne plusieurs avantages à l’imitation.
Premièrement le tungstène, très dense, permet à la nymphe de s’immerger profondément et rapidement malgré sa petite taille. Ensuite, l’aspect doré lui permet d’être repéré de très loin par les poissons. Ce dernier point, qui avantage le pêcheur en temps normal peut toutefois devenir indésirable lorsque les poissons sont très difficiles, par eaux basse ou sur des parcours à très forte pression de pêche.
Et le spot orange ?
J’entends souvent des pêcheurs me dire que ce spot orange n’a rien de naturel, alors pourquoi plait il tellement aux truites et aux ombres ?
Et bien figurez vous que le « hot spot » est quelque chose de tout à fait naturel !
D’où vient il alors ? Car accordons nous sur une chose, il n’est normalement pas présent sur les insectes et surtout les éphéméroptères… en bonne santé. En réalité, il provient tout simplement, sur certains insectes, de la présence d’un parasite ! L’un de ces parasites par exemple, est le Pomphorhynchus laevis. Ce parasite est un « petit ver » du phylum (embranchement) des Acanthocephales. Il est bien connu pour utiliser les gammares notamment, comme hôte ponctuel avant d’infecter les poissons qui mangeront les gammares. Et la larve de cet Acanthocephale est orange, ce qui donne cette coloration à certaines parties du corps de l’organisme porteur.
Lorsqu’il habite les invertébrés aquatiques, l’Acanthocéphale (à certains stages de son cycle de vie) perturbe leur comportement en les rendant comme fous. Ces invertébrés sont donc plus facilement mangés par les poissons (futurs hôte du parasite) car il ne se cachent plus et ne fuient plus leur prédateur. Certaines études statistiques indiqueraient que les invertébrés infectés ont 20 fois plus de chance d’être mangés que les non porteurs. Cela vous donne donc une idée de l’intérêt que peut avoir ce spot orange sur nos imitations. Les poissons en sont friands !
Les étapes du montage
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- Hameçon droit N°18
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- Fil de montage marron 8/0
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- Cerques et corps en fibres de queue de faisan
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- Bille tungstène 2mm pour la tête
- Thorax en fil de montage orange fluo





Comment l’utiliser ?
C’est une nymphe que j’utilise vraiment très régulièrement. Elle me sert généralement à aborder des poissons qui s’alimentent dans des courants. Lorsque je pêche sur des zones plus calmes, j’utilise alors plutôt des nymphes pas ou peu lestées. Comme dit précédemment, cette nymphe s’immerge assez rapidement de par sa densité. Que ce soit à vue (avec poisson déjà repéré et visible) ou en nymphe au fil, son efficacité est vraiment redoutable. Généralement, elle séduit particulièrement les ombres communs mais les truites, notamment en fin de printemps, en sont très friandes aussi.
Je me souviens d’une journée de pêche sur la haute moselle il y a quelques années. C’était une journée de juin très ensoleillée avec une eau basse et des poissons vraiment très… énervants. La pêche était très difficile et malgré une belle éclosion vers 11H qui m’avait permis de faire quelques beaux ombres en sèche, l’après midi était désespérante avec des poissons qui ne mangeaient pas du tout. Vu l’eau basse, j’avais opté pour une pêche à vue très light, avec un bas de ligne long et fin et des nymphes très petites (H20/22) et non lestées qui dérivaient bien naturellement dans les courants mais laissaient la plupart des poissons indifférents. Dans ces conditions, seul un changement de stratégie peut payer et j’ai donc misé sur une pêche plus lourde. Ce coup-ci, j’avais pris ce casque d’or faisan et spot orange mais en taille supérieure (H16) et j’avais délaissé les zones trop calmes pour ne pêcher que les courants (les rares restants). L’idée a payée, en fait quelques poissons se nourrissaient dans les courants, juste en aval des plus gros rochers. L’idéal était donc de poser la mouche à ras des rochers et de faire en sorte qu’elle coule très rapidement pour être immédiatement pêchante. Presque à chaque bonne dérive, un ombre était là pour s’en saisir ! Un bon moment de pêche sachant que sur les autres zones et avec d’autres mouches, je me cassais les dents !